LE PROJET DE L’ASSOCIATION : « ( Jacques Kahn )
Le Comité de Quartier, avait demandé à Jacques Kahn, le mari de Myriam, de mettre sa longue expérience de la pratique des projets, tant dans leur création sur le terrain que dans son enseignement sur ce sujet à l’UCL, au service du Quartier. Il lui revenait de dire l’essentiel de ce qu’avait été la « conception » de ce «projet de Comité de Quartier ».
S’agissant de « conception », il fut proposé de reconnaître une réalité de départ : L’enfant que nous accueillons aujourd’hui ne s’est pas fait tout seul… Des ancêtres, puis des parents (je n’ai pas dit des vi paletots !) ont dû se rencontrer, s’étonner de s’apprécier, de se sentir bien d’être ensemble de quelque part. Et pour ne pas se racrapoter dans un petit coin de leur quartier, ils se sont dit « si on fondait une famille » ? D’où la question, qui leur fut parfois posée : « L’enfant est-il légitime ? N’aurait-il pas fallu faire un grand référendum pour savoir si la famille en voulait ? Mais de jeunes mariés, dont les familles sont bien connues, et qui eux-mêmes ont déjà réjoui bien des cœurs ont-ils besoin de grands sondages pour sentir que leur union est bien reconnue ? »
S’adressant autant aux participants, habitants de Limauges, qu’aux membres du Comité, Jacques Kahn évoqua les trois critères qui selon lui doivent accompagner la conception et la maturation d’un projet. Tout d’abord, il faut veiller à ce qu’il s’inscrive bien dans une CONTINUITE qui le nourrit, mais qu’il contribue à développer. Tout un parcours d’expériences, de relations et de réussites devrait amener un moment à se demander : le Projet ne devient-t-il pas plus vivant, comme vous l’avez pensé, en se dotant d’un minimum d’organisation et de structure, qui le rende à la fois plus efficace et mieux reconnu. Hommage rendu, en passant, aux pionniers du mouvement local.
Ensuite, la colonne vertébrale que nous donnons à notre organisme est la condition même de sa SOUPLESSE. Jean-Marie Gérard, secrétaire de l’Association devait donner par la suite des exemples concrets d’une bonne « articulation » à l’intérieur comme vers l’extérieur, répondant à l’exigence : le projet tire-t-il bien sa force d’une certaine légèreté de sa structure ?
Enfin et puisant dans les ressources qu’apportent les deux premières garanties, on doit pouvoir reconnaître suffisamment de VIABILITE à notre progéniture, pour qu’elle engendre à son tour une bonne pratique de la créativité et de la convivialité.
Si ces trois critères apparaissent respectés, aux yeux des concepteurs comme à ceux des participants présents, on peut reconnaître, dixit Jacques Kahn, que le Projet défini n’est pas autocentré ; n’est pas nombriliste. « Un Projet vivant, comme un organisme vivant, c’est celui qui ouvre des horizons, dans les cœurs et dans les esprits ».
Et pour terminer lui aussi sur une évocation narrative, il proposa d’exorciser deux écueils que les projets rencontrent souvent, par une sorte de formule viatique, bien utile selon son expérience. Dans le cheminement d’un Projet qui ouvre des horizons, pour éviter deux écueils, prenez pour critère : « Ni bêler ni aboyer », c’est-à-dire ne pas susciter des moutons qui suivent tout docilement et ne pas croire qu’il faut crier plus fort que ceux qui ne pensent qu’à mordre…