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Quelques bulles d’ « Espérance de Vie »
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(chronique de Jacques KAHN, janvier 2017)
« Bonne santé ! »
Le plaisir de s’embrasser dans une ambiance de bulles…
Un rituel pour laisser s’évaporer tous ces mois en allés,
d’inquiétudes et d’espoirs mêlés ?
Une aspiration, en tout cas, à respirer mieux.
Chaque année nouvelle, comme chaque matin nouveau,
une chance pour l’humain de se rafraîchir à la source,
de sentir renaître en soi son « Espérance de Vie ».
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Tant qu’on a la santé !
Il y a des temples de la santé ; ce sont nos milieux « hospitaliers ».
Ces derniers temps, nous en avons été de très bons pratiquants.
Nous y avons vécu bien des expériences qui méritent la traversée.
Par exemple, nous savons mieux maintenant
comme il y a des paroles qui opèrent des miracles.
Mais aussi comme on y parle trop souvent une langue
qui anesthésie nos défenses.
Ainsi de cette expression devenue courante
mais pourtant particulièrement ambiguë,
tant elle semble annoncer le contraire de ce qu’elle évoque :
« votre espérance de vie »…
Dans la bouche de certains soignants,
qui témoignent par là n’être que des demi-savants,
l’expression « espérance de vie » ne nous apporte guère d’espérance
et ne nous rend ni plus ni mieux vivants.
Ne se réduit-elle pas, tout au plus à une manière acceptable,
parce que feutrée, d’évoquer la baisse d’intérêt de notre capital santé ?...
Il faut avouer qu’ils sont fort encouragés en ce sens
par des patients bien impatients de demander leur « reste »
et tout prêts à toutes les génuflexions
pour obtenir une improbable prophétie
sur le reliquat de leur temps ici-bas ?
Au moins la leçon, elle, en est claire :
nous ne sommes pas spécialement impatients de « gagner » le ciel…
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« Votre espérance de vie »… combien de centimètres ?
Dans son acception la moins réfléchie,
cette formule incantatoire prétend nous prédire,
sur une illusoire ligne du temps,
ce qu’il nous resterait de mètres ou de centimètres « à vivre ».
Un peu à la manière d’une estimation de notre capital
en euros ou en centimes ?
Imaginez qu’on vous annonce, en ce creux d’hiver,
« il vous reste 0,1 % d’intérêt à vivre »…
Depuis les augures anciens,
qui tuaient et dépeçaient de belles vies animales,
l’homme a souvent cherché dans des pratiques morbides
à exercer un pouvoir sur son temps de vie,
qui lui échappe par nature,
comme l’eau vive entre des doigts avides.
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L’espérance de vie : incroyable chance à cultiver
Non pas ce ridicule lopin qui s’amenuise et s’assèche
dans l’avarice de mon avidité à le consommer.
Mais cette chance, chaque matin, « inespérée »,
d’ajouter quelques grains de ferveur et quelques larmes de reconnaissance,
dans les sillons de temps qui s’offrent et me disent : « encore un petit peu ».
La véritable Espérance de Vie n’est-elle pas là ?
Dans l’ « incroyable » chance de relève quotidienne,
qui nous est offerte pour rendre vivante
cette vie confiée pour être rendue au centuple.
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Un an de « passé »…
De ces temps et de ces lieux que nous avons traversés,
que nous reste-t-il comme expérience élaborée afin d’être transmise ?
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